Quels sont les éléments qui produisent, pour le touriste, la spécificité sonore de la ville de Bruxelles? Peut-on percevoir un rythme urbain et les relations fluides entre la ville et ses habitants? Les harmonies entre les différentes intensités des sons – tandis qu’ils résonnent dans la ville – sont-elles les reflets de notre vie inconsciente en tant que personnalités urbaines modernes ? De quelle manière les idées politiques européennes se reflètent-elles dans les sons de la ville? Quelle signification psychologique possible se cache derrière une carte auditive de la ville?
Ce ne sont là que quelques questions qui m’ont amenée, moi, Maria, à imaginer une série de paysages sonores dédiée à Bruxelles, en essayant de capturer la spécificité auditive de la ville. Ensuite, il m’a fallu imaginer ces compositions comme étant consacrées aux moments significatifs traditionnels de la journée – le matin, le midi, le soir, la nuit – chacun étant une métaphore de la richesse ou de la pauvreté de notre imagination, en essayant de dépeindre l’influence des grands espaces urbains sur la condition humaine.
Du plus loin que je me souvienne (j’ai visité Bruxelles deux ou trois fois), Bruxelles, avec ses groupes sociaux paradoxaux qui cohabitent, est un bon endroit pour une telle étude et incite à ce que l’on se penche plus profondément sur sa vie intérieure. Je me souviens également d’un son qui, pour moi, à ce moment-là, est devenu une métaphore de la ville : durant la nuit, lorsque le trafic est faible, dans un quartier situé près des bâtiments de la Communauté européenne, on peut entendre très clairement une présence sonore contrapuntique. Les alarmes des feux de circulation, qui avertissent les personnes non-voyantes du moment de traverser, construisent une rythmique mécanique et deviennent une part de l’image auditive de la ville la nuit. Une construction sonore dérivée de la politique sociale, déterminant une perception spécifique du temps, Bruxelles, utilité sonore et signification poétique. Une voix audible de l’inconscient, d’une personne ou de l’espace urbain lui-même et une autre – celle d’une critique raisonnable et impulsive de la réalité.
Les quatre paysages sonores iront des émotions intimes aux larges sonorités, ils comprendront des voix et des histoires fragmentées intégrées à des atmosphères industrielles, mécaniques, etc. Nous, Maria et Mihai Balabas, utiliserons des enregistrements de terrain réalisés à Bruxelles durant la période de la résidence ; le processus artistique utilisera le traitement des enregistrements, leur apportant une narrativité musicale. La structure sonore sera complétée par des voix (textes et lignes mélodiques) et des couches musicales-instrumentales.