Alma Sauret
Diplômée d’un DNSEP à l’Ecole d’art de Grenoble, Alma Sauret articule dans sa recherche plastique sa pratique instrumentale avec une recherche théorique sur la musique et le langage. Depuis un stage au Portugal avec Binaural/nodar, l’anthropologie, la traduction et l’archéologie linguistique nourrissent les formes diverses d’expériences sonores qu’elle propose.
Les performances, les textes, les variations, les montages ou les instruments transformés sont autant de manières de ramener l’hésitation dans les postures et les gestes dont nous héritons par l’usage d’une langue, ou l’apprentissage d’un instrument. Cultiver une certaine extériorité aux langues, savoirs et savoir-faire auxquels on se prête. Cela dans le but de pousser les possibilités qu’offre une appréhension spontanée et première du monde, en remontant l’archéologie des habitudes, apprentissages ou traditions. Comment sentir les aspérités sous le geste polis par l’apprentissage, la tradition ou l’habitude? Que contiennent ces gestes en imprévus, en inattendus, en possibles expériences?
A l’instar du dilettanti, ses pratiques instrumentales du violoncelle, du saxophone, de la trompette, de la guitare ou de la viole de gambe s’originent dans un plaisir de l’écoute. Aussi, ce plaisir de l’écoute est-il la limite de son apprentissage.
La recherche théorique qui se retrouve dans sa démarche plastique interroge notamment la construction de normes musicales comme la note, ou les cadres qu’imposent les normes linguistiques à nos expériences. La traduction nous ramène aux origines d’un mot, d’un geste ou d’un son. On revient à l’état de ses possibilités multiples de variation. Alma Sauret cherche l’instabilité et les aspérités qui irritent nos attentes et nos évidences, nous amènent plus loin qu’elles.