Une oreille pour entendre même mal ces bribes d’un antique cafouillis (d’après les manuscrits de Hamlet-machine de Heiner Müller)
par Christina Clar, Yves Arcaix, Silvia Platzer, David Neaud

”Notre désir est d’explorer cette version bilingue (Allemand–Français) des manuscrits de Hamlet-Machine en considérant la page écrite avant tout comme une partition musicale qui mettrait en jeu, autant l’ensemble des signes typographiques que le texte propre. Entreprendre d’exhumer cette partition imaginée pour aller à la découverte du processus d’écriture de l’œuvre avec ses errements, ses bégaiements, ses fulgurances. La donner à entendre. » (Christina Clar & Yves Arcaix)

Empty Factory
Une usine vidée de ses ouvriers, les machines arrêtées, et la résonance du fer comme écho à la force déployée pour courber le métal autour du vide : la fabrique du ressort. Plusieurs longs ressorts (de 2 à 16 mètres) sont suspendus dans l’espace, dans un enchevêtrement qui rappelle autant la toile d’araignée qu’une machine électrique d’un autre age. Le ressortier est là dans un coin. Il attend, il écoute, il guette le son. C’est lui qui a tissé la toile et qui tire les fils. Il ne fait pas grand chose, ou plutôt laisse faire le son. La matière sonore provient d’un dispositif en apparence immobile – les ressorts entrent en vibration, mais de façon imperceptible à l’oeil nu. Une fréquence vient s’enrouler autour du vide. D’autres entrent en friction, puis viennent s’entrechoquer, déplaçant des masses sonores imposantes dans un jeu de bascules. La fabrique prend corps dans le chant du fer.